Voilà pourquoi nous avons besoin d’un café féministe !

Pourquoi a-t-on besoin d’un café cultivé et commercialisé par des femmes ? Quel impact a-t-il sur l’égalité de genre ? Pour répondre à ces questions et à bien d'autres, nous avons organisé un débat passionnant réunissant Marceline Budza (productrice de café et fondatrice de la coopérative caféière Rebuild Women's Hope), Karen Janssens (Colruyt Group), Marion Meyvis (Oxfam Fair Trade), Fairouz Gazdallah (Oxfam Belgique) et la ministre de la Coopération au développement. Les discussions ont porté sur l'impact d’un tel café sur les caféicultrices et les femmes de leur communauté, le rôle joué par le secteur privé et le monde politique, ainsi que sur les réalisations qui sont à portée de main dès aujourd'hui.

Pourquoi a-t-on besoin d’un café cultivé et commercialisé par des femmes ? Quel impact a-t-il sur l’égalité de genre ? Pour répondre à ces questions et à bien d’autres, nous avons organisé un débat passionnant réunissant Marceline Budza (productrice de café et fondatrice de la coopérative caféière Rebuild Women’s Hope), Karen Janssens (Colruyt Group), Marion Meyvis (Oxfam Fair Trade), Fairouz Gazdallah (Oxfam Belgique) et la ministre de la Coopération au développement. Les discussions ont porté sur l’impact d’un tel café sur les caféicultrices et les femmes de leur communauté, le rôle joué par le secteur privé et le monde politique, ainsi que sur les réalisations qui sont à portée de main dès aujourd’hui.

Nul besoin d’être féministe pour se rendre compte de l’étendue des inégalités hommes-femmes dans nos sociétés. En Belgique, comme ailleurs. En République Démocratique du Congo, nos partenaires productrices de café endossent l’immense majorité du travail et sont pourtant exclues de la phase ultime (et génératrice de revenus), c’est-à-dire la commercialisation de la récolte, systématiquement confiées aux hommes. Les banques refusent souvent de leur octroyer un prêt si leurs maris ne se portent pas garant. Idem pour l’acquisition d’une propriété ou d’un terrain.

Ces inégalités vous révoltent ? Alors vous êtes au bon endroit. Car Oxfam Fair Trade croit au changement (systémique). Et sait rassembler les bonnes personnes autour de la table pour faire avancer l’égalité de genre dans le commerce équitable. C’est pourquoi nous avons organisé l’événement B2B « Pourquoi nous avons besoin d’un café récolté et commercialisé par des femmes », organisé quelques jours avant la 113e Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Rebuild Womens Hope Coffee – Marceline Budza

« Lorsque les femmes deviennent indépendantes financièrement, elles ont du pouvoir. » 

Marceline Budza

Le café a rendu l’espoir aux femmes d’Idjwi

Marceline Budza, fondatrice de la coopérative de café Rebuild Women’s Hope et de la fondation du même nom, a décidé de combattre les inégalités de genre à Idjwi, une île située sur le lac Kivu, où est implantée sa coopérative caféière. Son objectif ultime ? Promouvoir le développement social et économique des femmes tout en permettant à ses membres de produire du café de grande valeur, bio et équitable. Et ainsi changer la vie des caféicultrices.

Lorsque les femmes s’autonomisent, toute la communauté en bénéficie. Telle est le constat et la mission de Rebuild Women’s Hope. Mais le chemin de l’égalité est parsemé d’obstacles. En effet, les femmes consacrent beaucoup plus de temps au travail de soin que les hommes, notamment en l’absence d’infrastructures qui leur permettraient de gagner du temps et que beaucoup d’entre nous tiennent pour acquis. Elles comblent ainsi le manque de services publics essentiels, notamment l’accès à l’eau courante, à quoi viennent s’ajouter l’éducation des enfants. Tout cela accentue les inégalités de genre.   

« C’est pourquoi nous voulons donner plus de pouvoir aux femmes, dans la chaîne de valeur, et leur fournir plus d’indépendance économique », explique Marion Meyvis, responsable de l’approvisionnement et du marketing produit chez Oxfam Fair Trade. Au niveau mondial, 70 % du travail dans la caféiculture est effectué par des femmes et pourtant, au sein des chaînes de valeur internationales, elles sont sous-représentées et moins entendues que les hommes. De plus, elles sont en première ligne des effets de la crise climatique. C’est pourquoi Oxfam Fair Trade réinvestit ses bénéfices dans des projets axés, entre autres, autour de l’indépendance économique des femmes.   

Des signes positifs nous parviennent également du commerce de détail. Karen Janssens, Experte Sustainable Sourcing au sein du groupe Colruyt, observe par exemple que les liens qui unissent le distributeur et les maillons de la chaîne qui précèdent le fournisseur direct sont de plus en plus étroits. Lors du débat, Karen a insisté sur l’importance de donner la priorité aux personnes. Et cela ne peut se faire qu’en faisant primer le facteur humain sur les chiffres. Une grande part de responsabilité incombe également au monde politique et à la législation, qui peuvent (et doivent !) jouer un rôle crucial dans la réduction des inégalités engendrées par le commerce international. La ministre a d’ailleurs souligné le rôle majeur joué par les acteurs et actrices du commerce équitable dans la poursuite de cet objectif. Les entreprises doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher les violations des droits humains et cela doit commencer à la base, c’est-à-dire en s’assurant que les producteurs et les productrices soient protégé.e.s.

Fairouz Gazdallah, chargée de plaidoyer sur les questions de souveraineté alimentaire chez Oxfam Belgique, reconnaît qu’une approche globale impliquant les secteurs public et privé est nécessaire. Toutes les étapes qui succèdent à la production doivent également être transparentes. Et cela nécessite un changement de mentalité. Imposer des obligations éthiques ne fonctionne pas, la responsabilité de chacun et l’obligation de rendre compte des violations des droits humains doivent être ancrées dans la loi.   

Rebuild Womens Hope Coffee – d.g.à.d. Marceline Budza, Karen Janssens, Fairouz Gazdallah.

Et maintenant ?

Nous connaissons les difficultés. La question qui se présente devant nous désormais est : comment avancer ensemble ? Marion Meyvis évoque la nécessité de mettre en place des règles du jeu équitables, les mêmes pour tou.te.s. Malgré le blocage actuel sur la loi européenne portant sur le devoir de vigilance des entreprises, qui provoque une énorme frustration chez tous les acteurs et actrices présent.e.s autour de la table, nous devons rester ambitieux et ambitieuses. Le rapport de durabilité d’Oxfam Fair Trade prouve qu’il est possible d’intégrer les droits des femmes dans ses propres ambitions en matière de durabilité climatique et sociale. Karen Janssens partage ce point de vue. Il y a déjà beaucoup d’initiatives et d’entreprises qui travaillent dans ce sens. Mais pour qu’un système alimentaire mondial équitable soit une réalité, il faut que la législation aille de pair. Pour que les choses changent vraiment, la durabilité doit devenir la norme. Et le désir de durabilité est là. Les consommateurs et les consommatrices veulent des produits faits dans la dignité et le monde politique semble être à l’écoute. Le Parlement européen a mis un projet de loi sur le devoir de vigilance sur la table des Etats-membres et de la Commission. Nous devons continuer à faire pression pour qu’il soit adopté.  

Selon Marceline, le café offre également une solution. Elle envisage de reproduire le modèle de Rebuild Women’s Hope dans le Nord Kivu, un contexte marqué par des conflits armés qui y font rage. « J’aime les défis », dit-elle avec détermination. 

Les projets pilotes axés sur l’agroécologie et les systèmes économiques alternatifs tels que le microcrédit, les fonds communautaires et les marchés solidaires offrent un espace de respiration à la société. Fairouz Gazdallah préconise de soutenir les initiatives locales. Les problèmes mondiaux ne peuvent être résolus par des actions individuelles. Nous devons faire pression pour changer le système. Vous pouvez déjà le faire aujourd’hui grâce à des initiatives qui soutiennent les producteurs et les productrices actif.ve.s dans le commerce équitable, surtout les femmes. En achetant ces produits, vous avez de l’impact. En fin de débat, Marceline Budza a conclu avec ces mots : « Pour chaque grain de café que vous achetez, vous changez la vie d’une femme ». 

Veuillez-vous gouter le café Women’s Hope ? Commander ici.

Ou découvrez l’ambiance de l’évènement avec notre vidéo récapitulative ci-dessous.

Le café, ciment de toute une communauté

Marceline Budza a fondé bien plus qu’une coopérative de café biologique. Rebuild Women’s Hope, située sur l’île Idjwi en RDC, contribue aussi à l’autonomisation économique des femmes puisqu’elle compte 3 000 femmes parmi ses employé.es. « L’essor économique des femmes est un moyen d’émancipation pour l’ensemble de la communauté » explique Marcelline. « La coopérative permet de changer les mentalités autour de la répartition genrée du travail mais aussi de développer tout un tissu social et économique dans la région. Le café apporte de la joie. » Marcelline Budza prévoit d’ailleurs de répliquer ce modèle vertueux au Nord du Kivu, dans un contexte hautement difficile vu les conflits armés qui y sévissent. « J’aime les défis », affirme-t-elle, déterminée. 

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