BITE TO FIGHT: TAYORO - Canaan

Rencontre avec l’homme de la situation : Tayoro mord à pleines dents dans le projet

En 2019, nous avons lancé un projet de collaboration avec la coopérative cacaoyère CPR Canaan. Le produit de cette collaboration est la gamme de chocolat Bite to Fight. Nous payons une prime supplémentaire directement aux cultivateurs du cacao utilisé pour ce chocolat.

En 2019, nous avons lancé un projet de collaboration avec la coopérative cacaoyère CPR Canaan. Le produit de cette collaboration est la gamme de chocolat Bite to Fight. Nous payons une prime supplémentaire directement aux cultivateurs du cacao utilisé pour ce chocolat.

Julien Tayoro (30) est notre ‘agent sur le terrain’, sillonnant les routes entre le bureau, les champs de cacao et le village. Chaque jour, il contrôle et il est à l’écoute. Sa présence, ses connaissances et son enthousiasme créent la confiance et c’est une grande fierté pour lui : “Dans ma jeunesse, j’ai vécu dans la pauvreté et j’ai vu combien il faut se battre pour en sortir. J’espère inspirer d’autres jeunes et leurs parents et les motiver à faire les bons choix.”

La confiance fait la force

Il est 8h du matin et Tayoro est déjà en pleine forme pour notre petite interview en ligne. Il doit commencer sa journée dans les champs directement après notre entretien. Il visite les plantations, vérifie le personnel, discute avec eux, note avec précision toutes les informations, conseille, écoute et établit le lien avec le reste de l’organisation. En d’autres termes, il donne un visage à Oxfam et à la coopérative CPR Canaan, dont les cultivateurs sont membres. Ce qui est rare, car la plupart des cacaoculteurs ne voient jamais leurs clients. “Ma présence est importante et stimule la confiance”, raconte Tayoro. “Comme ça, les cultivateurs peuvent vraiment se dire : Canaan est là ! Ce n’est pas souvent le cas. La majorité des géants du chocolat dans le monde n’ont même jamais vu un épi de cacao de près…”

Prédestiné

L’engagement de Tayoro par rapport au projet Bite to Fight (pour un revenu juste) est motivé par sa propre expérience. “J’ai perdu mon père, lui aussi cultivateur dans le cacao, mais quand on est fils de planteur, c’est pour la vie. C’est extrêmement difficile d’échapper au cercle vicieux de la pauvreté.” Grâce au soutien financier de son frère aîné, qui travaillait à l’étranger, Tayoro a pu faire des études. Il a décroché deux masters. Comme il avait grandi sans sécurité alimentaire, il voulait absolument agir dans ce domaine. “Travailler dans le développement était ma priorité numéro un”, explique-t-il.

Dans sa quête du bon projet et de l’organisation adéquate, il a fini par croiser la route d’Ecookim, la coopérative cacaoyère dont fait partie Canaan. Il s’est lancé et c’est comme ça qu’il a vu revenir notre logo bien connu sur divers documents. “Oxfam !”, s’exclame-t-il, radieux. “J’ai commencé à me renseigner sur ce que faisait Oxfam exactement et j’ai su directement : c’est exactement ce que je recherche, c’est parfait pour moi.”

Nous y sommes presque… mais pas encore tout à fait

“Le concept de revenu décent au cœur du projet Bite to Fight a une importance vitale pour les cultivateurs”, confirme Tayoro. “Nous payons la prime en cash aux cultivateurs et l’effet est positif : ils investissent cet argent. Nous regardons ensemble quelles dépenses peuvent rapporter. Voici ce que nous avons réalisé jusqu’ici : planter des arbres et des arbustes pour la culture à l’ombre, l’éducation des femmes, l’installation de ruches…”.

Mais Tayoro reste prudent dans son optimisme. “Le chemin est encore long”, nuance-t-il. “Nous n’y sommes pas encore tant que les parents ne peuvent pas donner trois repas par jour. Il est crucial, par exemple, d’encourager la solidarité entre les cultivateurs. Comme ça, nous pourrons évoluer vers un fonds local pour financer des projets collectifs. Car les projets restent coûteux et on se débat encore, financièrement. Il faut aussi impliquer encore davantage les femmes.”

Tayoro croit en la transparence et il a su endosser le rôle de porte-parole et de personne de confiance comme nul autre. “Avec Bite to Fight, on ne peut que constater l’impact positif du travail à petite échelle et de la transparence. J’en appelle dès lors à soutenir partout ce genre de projets. Et n’hésitez pas à passer, ici, tout le monde est accueilli à bras ouverts !”